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En marge du surréalisme, sa tentation de l’abstraction sera com- parée à Brancusi et Laurens. Enfin son style à la maturité, après 1935, montre son retour définitif à la figuration d’après modèle.
Cet ultime moment de son art converse avec d’autres sculpteurs et leurs inspirations de la Haute Antiquité comme Rodin, Bourdelle et Maillol.
Sélection d’arts graphiques et de documents d’archives évoquent éga- lement le mythique atelier parisien de Giacometti à travers des lithogra- phies de l’artiste et des clichés des plus grands photographes du XXe siècle tels que Brassaï, Denise Colomb, Sabine Weiss ou Herbert Matter.
Giacometti a passé sa vie à pratiquer l’art de l’effacement. Il a dépouillé ses œuvres de tous signes permettant de les identifier.
Universelles et mystérieuses, ses formes humaines longilignes quasi abstraites et infinies l’ont accompagné telles les figures fantomatiques qui hantaient sa « caverne ».
L’artiste suisse refusait le concept d’un art lisse et propre. Pour lui, la sculpture est « une interrogation, une question, une réponse. Elle ne peut être ni finie, ni parfaite. »
Ces silhouettes lointaines aux contours flous semblent usées, rongées, tels des souvenirs enfouis que la mémoire à peine à conserver.
La figure est son sujet obsessionnel, inlassablement Giacometti essaye de voir en elle le réel.
En son art, l’être évoque souvent l’arbre planté dans le sol en une ligne majestueuse qui s’allonge vers le ciel mais en ses bustes, il est souvent réduit à la taille d’un rocher, minéral et tassé. Giacometti a tenté toute sa vie de faire advenir, en sculpture et en peinture, une présence au monde.
Son esprit arpente l’univers à jamais, immortel message à la croisée des chemins et à la rencontre des promeneurs du temps.