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Certains portraits regardent, interrogent silencieusement les per- sonnes qui les contemplent, d’autres semblent absents ou concentrés sur d’autres parties de la toile face à des objets ou des interlocuteurs présents ou imaginaires.
Les artistes concentrent leurs compositions autour du rendu final que le modèle a choisi pour honorer sa mémoire.Tous nous parlent d’êtres depuis longtemps disparus et qui ne doivent leur immortalité qu’aux talents des peintres dont ils ont payé les services pour passer à la pos- térité.
Le souvenir et l’oubli sont au cœur de cette magnifique fresque de notre humanité, de cette peur viscérale de l’après, de ce moment fatal où le corps s’absente pour devenir un tumulte d’émotions au cœur des plus proches et des contemporains avant de s’évanouir avec eux pour laisser place à de nouvelles générations.
Après des siècles d’immobilité, ces portraits vibrent encore de cette flamme de chair, rêve d’immortalité. Troublant et émouvant...
Jan Jansz Mostaert, Portrait of an African Man (Christophle le More?), ca. 1525 - ca. 1530. Rijksmuseum