Page 114 - ball51 FR
P. 114
Olga de Amaral s’est emparé avec grâce et talent du médium textile et a su utiliser des matériaux aussi différents que le crin de cheval, le gesso ou le lin, la feuille d’or et le palladium. Telle Arachnée, elle tisse, noue, tresse, entrelace les fils en de somptueuses œuvres tridimensionnelles qui unissent la terre au ciel. Elle a su puiser dans les traditions vernaculaires de son pays comme dans l’art précolombien pour révolutionner l’art textile et lui conférer une modernité au delà du temps et de l’espace.
C’est dans les années 1970 que son amie céramiste Lucie Rie lui fait découvrir la technique japonaise du kintsugi, consistant à réparer un objet en mettant en valeur ses lignes de faille avec de la poudre d’or. Ce métal devient rapidement l’un de ses matériaux de prédilection, lui permettant de transformer le textile en une surface irisée qui diffracte et reflète la lumière.
Trop souvent l’art textile a été relégué au second plan comme simple art décoratif abandonné aux femmes, mais les réalisations d’Olga de Amaral sont audacieuses et non conventionnelles, résolument en lien avec l’art abstrait post Seconde Guerre Mondiale.
Cette rétrospective exceptionnelle montre notamment son apport essentiel à l’avant- garde artistique des années 1960, 1970 et 1980. Deux grandes séries lui permettent de déployer son style spontané et expansif inspiré de l’histoire et des paysages de sa terre natale par leurs tonalités et leurs formes évoquant les hauts plateaux de la cordillère des Andes, les vallées et les vastes plaines tropicales, les Estelas (étoiles) et les Brumas (Brume).